L’étude de la digitalisation des directions juridiques c’est :
D’après l’étude, les directions juridiques envisagent une transformation digitale dans les 3 à 5 prochaines années qui intègrera l’Intelligence Artificielle, l’analyse automatique des documents et les chatbots.
“Nous sommes au début du chemin de la transformation digitale.”
Olivier Bélondrade, Responsable de la Factory du Cercle Montesquieu
Néanmoins, l’intelligence artificielle peut s’avérer être un blocage pour certains juristes qui développent une crainte ; dans les esprits, la machine serait un outil qui assure l’entièreté de leurs fonctions. Dans la réalité la machine ne remplace jamais qu’une tâche effectuée par les juristes dont le jugement et l’analyse restent irremplaçables.
En réponse à la question d’un des participants lors de la présentation, Olivier Chaduteau a expliqué que la place du juriste est essentielle dans la transformation juridique. Le « machine learning », champ d’étude de l’intelligence artificielle, fonctionne en se basant sur les connaissances du juriste : c’est littéralement le juriste qui apprend à la machine ! Le NLP (Nature Language Processing) fonctionne également grâce au juriste et permet à la machine de comprendre le sens des mots.
“Il y a une centaine de domaines où les machines sont mieux que nous !”
Laure Lavorel, Responsable de la Factory du Cercle Montesquieu
La compétence juridique a évolué grâce à la digitalisation. Par exemple, l’importance du volume de données devient progressivement intraitable par le juriste face à la multiplication des réglementations et à la judiciarisation du monde des affaires. Dans ce cas, les outils digitaux vont devenir plus performants que l’humain.
La transformation digitale permet aux directions juridiques de se positionner stratégiquement et de justifier leur rôle de « business partner » en interne.
Aujourd’hui, les directions juridiques parviennent à suivre le train de la digitalisation de leur entreprise. Toutefois, les résultats obtenus démontrent qu’elles ont pleine conscience du chemin qu’il reste à parcourir sur les prochaines années. Olivier Chaduteau a insisté sur le fait que la digitalisation était un processus long mais certain. En moyenne, les répondants donnent une note de 5,1 sur 10 à la transformation digitale de leur entreprise contre 4,1 sur 10 pour la transformation digitale de leur direction juridique.
“Tout ce qui est automatisable sera progressivement automatisé.”
Bruno Dondero, Associé du cabinet CMS Francis Lefebvre, Professeur à l’Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris 1)
La priorité des directions juridiques est de s’assurer du bon fonctionnement des outils en matière de GED, de gestion contractuelle et de droit des sociétés avant de pouvoir aller plus loin. Ces 3 process vont permettre de s’assurer des bénéfices de la digitalisation mentionnés dans l’ensemble de l’étude.
La GED (Gestion Electronique des Documents) arrive en tête des processus les plus impactés par la digitalisation. Elle permet au juriste d’être plus efficace et valorise le partage d’informations et de documents, en interne comme en externe. Le droit des sociétés, troisième process le plus impacté par la digitalisation selon l’étude, est progressivement dématérialisé. Au-delà des enjeux de la transformation digitale, cette dématérialisation pourrait lui donner une nouvelle dimension.
Eric Ravy, directeur juridique de OUI SNCF, a partagé son retour d’expérience sur le projet d’intégration de chatbot au sein de la direction juridique. Il affirme que la digitalisation permet de développer l’image de la direction juridique, qui devient dès lors un acteur innovant, mais aussi de travailler sur un projet interne commun qui permet de collaborer avec d’autres équipes.
Face à tous ces nouveaux outils digitaux, le juriste peut manquer de repères et se perdre dans “l’ultra digital”. En réponse à une question de la salle, Olivier Chaduteau a expliqué que le déploiement des API et l’interopérabilité entre plusieurs outils et bases de données peut remédier à cette problématique. La flexibilité et la facilité que cela apporte va permettre au juriste de gagner du temps et d’être plus efficace.
“La formation initiale aux outils est clé !”
Olivier Chaduteau, Associé gérant du cabinet Day One
Aujourd’hui, les entreprises investissent énormément dans la technologie et la digitalisation de leurs services.
L’étude de la digitalisation des directions juridiques permet de prendre conscience de la nécessité d’investir dans la formation ; les juristes doivent se former en permanence, notamment sur la gestion de projets et les nouveaux outils digitaux, afin de renforcer leur valeur ajoutée en interne.
La gestion de projet est une compétence essentielle pour mener à bien des projets de digitalisation à moyen et long terme. Tous les acteurs internes et externes de la direction juridique sont concernés par ce savoir-faire.
Pour Olivier Chaduteau la transformation digitale, c’est d’abord « une transformation humaine et organisationnelle puis une transformation des outils ».
La direction juridique doit également prendre en compte deux réflexions dans son processus de digitalisation : les axes de transformation qui seront gérés intégralement en interne (« make ») et ceux qui seront externalisés et traités par des cabinets d’avocats partenaires et/ou des Legaltechs (« buy »).
Mais quelle est la part du budget juridique consacrée à la transformation digitale ? L’étude nous démontre qu’elle est assez faible (8,5% en moyenne). De plus, il est très important et nécessaire de distinguer la mise en place du projet (« Build ») et le coût annuel qu’il engendre une fois mis en place (« Run »).